November 8 - December 5, 2008
K concret
A l’occasion de la parution des deux recueils de photographies Alphabet Truck et TWENTYSIX ABANDONED GASOLINE STATIONS, Eric Tabuchi présente – du 08 novembre au 06 décembre 2008 à la Galerie Florence Loewy – K concret, un ensemble de photographies et d’objets disparates, qui selon le principe absurde du rébus, produit finalement une possible cohérence.
Associant formes et couleurs, mots et références, E. T. arrange, un peu comme dans un jardin zen, un dialogue stylisé entre matière et pensée, ou d’une autre façon, entre désinvolture pop et introspection mélancolique. Ainsi, se substituant l’un à l’autre, le fond devient la forme – à moins que ce ne soit le contraire – et l’on soupçonne, de manière sous-jacente, dans ce rapport ludique aux signes de toutes sortes, le conflit plus complexe des cultures asiatique et occidentale qui l’agite.
Marlboro House – paquet de cigarettes en plâtre à échelle 1- en offre la parfaite illustration. Par la dissociation des deux volumes (le toit et le corps de la maison) délimités par les couleurs homonymes du drapeau japonais, Marlboro House renvoie tout autant à Richard Prince et Gordon Matta-Clark, au mythe d’une fumeuse accointance de la marque avec le KKK, qu’à l’histoire personnelle de l’artiste. De même SLICE OF LIFE ou Frame, à la manière des idéogrammes, constituent à la fois le langage et l’objet, le signifiant et le signifié, la forme et le fond. Les pictogrammes d’une cartographie personnelle. Objets clos sur eux-mêmes, n’offrant aucune latitude d’interprétation, ces pièces aspirent à schématiser le réel, à l’ordonner, à le mettre à distance pour le rendre globalement appréhendable.
Pour Eric Tabuchi, le monde est à l’évidence trop complexe et croiser sur l’A16 la quintessence du Q sans pouvoir l’attraper est probablement la meilleure façon pour lui tout autant de l’organiser que de nourrir le regret de ne pas y parvenir. Qu’il s’agisse de l’Alphabet Truck ou des TWENTYSIX ABANDONED GASOLINE STATIONS, tout son projet photographique pourrait d’ailleurs se résumer à ce mouvement contradictoire : simplifier le chaos pour en définitive ne faire que le déplacer, autrement.
Ainsi, l’omniprésence du double sens (toujours la route), de l’entre-deux dans son travail, renvoie invariablement, mais de façon toujours elliptique, distanciée, à cette double identité irrésolue et, par extension, à la présence fantomatique du dernier Kamikaze…
- Tu as remarqué ?
- Non, je ne vois rien.
- Justement, ce n’est pas normal !