March 13 - April 5, 2012

Décollages - Volet 3

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Sylvie auvray, Fayçal baghriche, Matthieu clainchard, Julien pastor


FR

Décollages - Une série d'expositions sur le collage sans collages. L'enjeu du projet n'étant pas la technique en elle-même mais bien plutôt la manière dont des artistes aujourd'hui assimilent des références hétéroclites, empruntent des formes préexistantes et les assemblent à l'intéreur d'un même espace. Alros que depuis de nombreuses années, les modes de fabrication et de circulation des objets et des images (dont la multiplication des supports numériques a largement contribué à redéfinir les contours) ont laissé place au doute, à l'incertitude quant à leur nature et leyr véracité, les artistes réunis autour de ce projet, partcipent, à leur tour, à cette migration tant sémantique que physique,des formes contemporaines. Selon les différents odes de juxtaposition et de recouvrement, des glissement s'opèrent, et des fragments apparaissent, ouvrant ainsi un nouvel espace de représentation.

Dans ce troisième et dernier volet de la programmation, le collage invite au décollage. Un décollage métaphorique et parfois physique de ces objets mêmes. Envolés, aurait d’ailleurs pu être le sous-titre de l’exposition. Pour l’idée de jaillissement, de légèreté mais aussi pour celle de disparition qui l’accompagne implicitement. Le décollage éclipse toujours une histoire au profit d’une autre.
Ainsi Sylvie Auvray, avec Bibelots Projectiles - des bibelots, trouvés dans des vide-greniers, partiellement recouverts de plâtre (des moulages des mains de l’artiste) - renvoie, non sans humour, ces objets de pacotille (mais aussi leur nouveau statut d’oeuvres) à leur parfaite nature de projectiles. Grenades à retardement, ces babioles malmenées se transforment en armes de destructions légères.
Autres objets de seconde main, les Imperfections, de Fayçal Baghriche. Une série de vitres défectueuses, collectées chez un encadreur. Alors qu’elles portent les marques - des traces de feutre - à l’endroit de leur défaut de fabrication, l’artiste va les faire encadrer. Le geste automatique de l’artisan se substitue à celui de l’artiste. Et les formes ovoïdes, flottant dans l’espace vide du verre, apparaissent alors comme autant de signes graphiques et formels autonomes. Des petites silhouettes d’un envahisseur venu d’ailleurs.
Curieux de ce type d’apparitions formelles spontanées, Matthieu Clainchard a, lui, constitué des Collection de papillons. Il ne s’agit évidemment pas de collections d’insectes mais de séries d’images abstraites, multicolores, récupérées à l’intérieur de paquets de cigarettes - des tirages tests à l’attention des conducteurs d’imprimerie. Délicatement épinglées dans des boîtes entomologiques, ces images autrefois cachées, se présentent et s'affirment en tant que peintures.
Les objets s’émancipent également sous l’œil de Julien Pastor. Sa photographie L’hôtesse de l’airprésente une femme (l’hôtesse de l’air ?) en train de lire. Le journal qu’elle tient dans les mains masque son visage. Cependant, elle peut nous observer à travers deux petits trous, à l’endroit même de la photographie illustrant l’un des titres de ce printemps 2010 : le nuage islandais. Qui regarde l’autre ? Que surveille t-elle ? L’intitulé de l’article « Paralysie dans le ciel » est tout aussi double tant il semble renvoyer davantage à la quiétude de la photographie de cette femme se détendant, qu’à celle figurant sur le journal. En superposant ainsi les images, Julien Pastor les décollent de leur signification première, y insuffle du trouble. C’est d’ailleurs dans ce caractère incertain, que se retrouvent les pièces de ce volet. Toutes suspendues en l’air, n’éprouvant jamais longtemps la tentation de se fixer quelque part.

Solenn Morel



EN

Décollages – a series of exhibitions about collages … but without the collages ! The issue at stake in this project is not the techniques used as such, but much more the way in which artists today bring together miscellaneous references, borrowing pre-existing shapes and assembling them inside a same space. These past years have seen ways of producing, creating and moving objects and images around (to which the multiplication of digital supports has largely contributed to redefining or blurring the contours), that have given rise to doubt and incertitude as to the nature and veracity of these same objects and images. The artists gathered around this project are participating in this both semantic and physical migration of contemporary shapes. Depending on how they are positioned, what they are covered with, shifting occurs, and fragments appear, opening up a whole new space of representation.

In this third and last part of the project, the Collage invites us to lift off… a metaphorical lift-off, yes, but also a physical one for some of the objects. In fact, Envolés (or Flying Away) could have been a second title for this exhibition, both to echo the idea of outpouring, soaring and lightness of step and hand, and to focus on disappearance, that implicitly accompanies this movement. A lift-off of any kind will always eclipse one story, to the benefit of another, and it is truly the case here.
In this way Sylvie Auvray, with her Bibelots Projectiles (Paraphenalia Missiles) – bits and bobs picked up in car boot sales and in part covered in plaster (plaster casts of the artist’s hands) – sends us a message, not altogether without humour, about the natural predilection of these objects (and of their new status as works of art) for being perfect missiles. Delayed-action hand grenades, junk objects manhandled and transformed into light weapons of destruction.
Other second-hand objects … Imperfections by Fayçal Baghriche. A series of defective panes of glass collected from a framer. These pieces of glass still bear the marks from a felt pen, there where the faults of fabrication are apparent… and it is these faults in the glass that will be framed by the artist in turn. The automatic gesture of the craftsman is replaced by the artist; and the ovoid forms floating in the empty space of the glass appear as graphical signs or tiny independent silhouettes from another world.
Matthieu Clainchard has always been curious about these spontaneous apparitions, and the result here is his Collection de Papillons (Collection of Butteflies). Naturally we are not talking here about a collection of the insects, but about a series of abstract, multi-coloured images taken from the inside of cigarette packets – test prints for foreman printers. Delicately pinned and displayed in entomological display boxes, these images take on new meaning. Before they were hidden from view, now they are in the spotlight, proudly presented as paintings.
Objects break their everyday chains under the sharp eye of Julien Pastor. His photo L’hôtesse de l’air (The Air Hostess) shows a woman (is she an air hostess?) reading a paper. The newspaper she’s holding is masking her face. However she is able to observe the world through two little holes hidden in the photo on the paper’s front page, and this photo illustrates one of the major headline events for Spring 2010, namely the cloud of volcanic ash from the volcano in Iceland. Who is looking at whom? Who is watching whom? The title of the article “Paralysie dans le ciel” (Paralysis in the sky) also conveys a double meaning, and appears to reflect more on the quiet, relaxed woman reading her paper, than on the subject matter of the article. By superimposing images in this way, Julien Pastor lifts them away from their primary meaning, and blows troubled air across the surface of their silence. Indeed it is this uncertainty that characterizes all these works. All suspended in the air, rarely feeling the need to settle in one particular place.


Solenn Morel