February 15 - April 20, 2019

"80's Music", William Wegman solo show at MLIS, Villeurbanne, FR

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En 1988, William Wegman réalise, avec le cinéaste américain expérimental Robert Breer, le clip Blue Monday 88 pour le groupe New Order. La vidéo mélange animation et prises de vues réelles pour esquisser un monde aux situations saugrenues qui défie les lois de la pesanteur. En vedette aux côtés des membres du groupe : Fay Ray. Chien de son état et muse de l’artiste, qui fait ses débuts à l’écran.


Artiste conceptuel américain, William Wegman est mondialement connu pour ses photographies mettant en scène ses chiens, des braques de Weimar. C’est le hasard qui en 1970, scelle le destin de l’artiste. Alors enseignant en Californie, William Wegman, achète un braque de Weimar, appelé Man Ray en hommage au célèbre Surréaliste. Cette anecdote domestique va devenir un élément déterminant : c’est avec Man Ray, puis Fay Ray et ses descendants que Wegman réalisera la plupart de ses vidéos et bientôt la majorité de ses photographies. Avec Man Ray, il poursuit sa quête identitaire et entame une réflexion sur les comportements humains. En 1979, William Wegman est invité par la firme Polaroid à tester un nouvel appareil couleur de grand format 20 x 24 pouces. Inspiré par ce nouveau procédé, il produit ses premiers clichés couleur et réalisera avec lui ses photographies les plus marquantes, mettant en scène Man Ray et ses successeurs.

À la mort de Man Ray en 1982, Wegman continue l’exploration du Polaroid géant avec des sujets non canins. Cette période « between dogs », selon les mots de l’artiste, donne lieu à des photographies singulières. Clichés empreints de nostalgie, où le chien semble s’être évaporé au profit du décor (Polarity, 1983 et Seasonal, 1984). Saynètes drôles et décalées, souvent absurdes, mettant en scène les assistants de Wegman dans des occupations banales (Pool Party, 1982, Monkey and the Third Position, 1984) ou des parodies de publicités (Eau I, 1982, Crisco, 1983). En 1986, Fay Ray succède à Man Ray. Ainsi nommée d'après Fay Wray, l'actrice du King Kong de 1933 et en réfèrence au premier Polaroid couleur pris de son illustre prédécesseur, les ongles vernis, intitulé Fay Ray. Avec Fay, la magie reprend. La sublime Fay « devient l’âme du travail » de Wegman, le sujet de ses Polaroids. Fay hypnotisée par une boule à facettes (Hypno, 1988). Fay jouant au Twister (Twister, 1988). Fay posant en robe fleurie (Three Legged Dance, 1988). C'est naturellement Fay qui sera la vedette d'une série de films réalisés à partir de 1989 par Wegman pour l’émission de télévision éducative pour enfants Sesame Street. Dans ces court-métrages désopilants, portés par la voix-off de l’artiste, Fay - et bientôt ses trois puppies – apparaissent affublés d’accessoires ou costumés, s'initiant aux chiffres (Subtraction, 1989 / Farmer Mac Fay, 1994) ou présentant différents métiers : coiffeur, mécanicien ou serveur (The People Of Your Neighborhood, 1998). À la même période, Fay est l’héroïne de livres illustrés pour enfants : Little Riding Hood et Cinderella, publiés par Wegman en 1993, versions canines du Petit Chaperon Rouge et de Cendrillon.


Imaginée par William Wegman et la Galerie Florence Loewy, autour du clip Blue Monday 88, l’exposition 80’s Music dévoile une facette peu montrée de l’oeuvre de l’artiste : un choix unique de dix-huit Polaroids, produits entre 1982 et 1994, avec et sans chien. Elle met aussi en lumière Fay Ray, muse fidèle qui, de 1986 à 1995, sert la renommée de son maître, se prêtant corps et âme à sa vocation de modèle photographique et d’actrice, dans un clip pour New Order et des films pour Sesame Street. Aujourd'hui, William Wegman est une star. Comme Man Ray, acteur des premières vidéos de l’artiste, qui ont intégré récemment les collections du prestigieux Metropolitan Museum of Art de New York. Comme Batty, Crooky et Chundo, qui au début des années 1990, passent quotidiennement à la télévision dans le show Sesame Street. Comme Chip, Penny et Candy, « dog-models » pour la campagne Max Mara en 2001. Comme Fay Ray propulsée, par hasard, icône New Wave par une musique emblématique des eighties, qui pourrait être la bande son de l’exposition.